L’oiseleur

pour Jean-Marie

L’aimé de Dieu et le chemin du loup. Chemin du loup en allemand, langue des forêts septentrionales, des farouches tribus guerrières et des rites païens la nuit de Walpurgis. Langue chthonienne des nains avides qui creusent la terre pour en arracher l’or. Aimé de Dieu en latin, langue de l’ancien empire du sud dont la mémoire irrigue le continent, du savoir et de l’Église. Langue universelle, un peu comme la musique. Il a passé tel une comète dans le ciel de l’Europe, étonnant et charmant le public par la précocité de son talent de compositeur et de musicien, virtuose au violon et au piano, instrument d’invention assez récente. Promis à une destinée éclatante, il mourut à la fleur de l’âge et pour ainsi dire seul. Son maigre cortège funèbre, suivi de presque personne car il pleuvait le jour de son enterrement, mena son corps à une fosse commune où on le déposa avec quinze autres cadavres, empilés par rangées de quatre superposées, parce que c’était le moins cher. Lire la suite « L’oiseleur »